Brent -24,40% 19,330$ le 21 avril 2020
Des chiffres dont tout le monde parle, nombreux sont ceux qui prétendent que ceci aidera la Tunisie à faire des économies… Creusons davantage dans ce sujet pour comprendre ce phénomène hors normes.
Les dépenses énergétiques représentent une bonne partie du budget de l’Etat environ 11% du PIB pour les 2 années précédentes, comptablement la baisse du cours de Baril engendrera surement une baisse des dépenses du pays. Le Budget de la Tunisie pour les achats de pétrole a été estimé sur la base de 64$ le baril, c’est superbe allons y faisons des stocks !!
Pas tout à fait, il faut savoir que les capacités de stockage de la Tunisie sont limitées, les achats des mois prochains sont prédéfinis d’avance sans oublier que ces prix sont dépourvus des frais de raffinage et de transport. Donc les profits à court terme sont très limités.
En voyant le budget de l’Etat on remarque que les impôts font 75% des recettes totales. Dans la composante impôt sur les sociétés, les sociétés pétrolières ont payé 29,5% en 2019. Ces dernières rencontrent actuellement des difficultés même à couvrir leurs charges fixes, à cela s’ajoutent les sociétés exportatrices qui ont perdu des marchés énormes – 29% en mars 2020, glissement annuel, le secteur touristique qui est en arrêt total, les petites et moyennes entreprises qui sont en chômage technique et qui frôlent la faillite ! Il est donc évident que les recettes fiscales de cette année ne seront pas prometteuses.
En ce qui concerne l’investissement direct étranger (IDE), dont une bonne composante en Tunisie est assurée dans le secteur des hydrocarbures. La chute du cours du Baril ne peut compromettre les flux des IDE, il impactera négativement l’investissement et les réserves en devise de la Tunisie. En revanche le fait de produire des quantités énormes de pétrole ne fera qu’augmenter les charges des pays producteurs et ruiner les réserves pétrolières éphémères qui auraient pu être utiles pour les générations futures. Une telle situation nous interpelle donc sur la durabilité du développement dans le monde.
Côté environnement le fait que le pétrole soit très bon marché n’encouragera pas la transition énergétique et aura un impact sur les investissements dans les énergies renouvelables. D’un autre côté, on peut même estimer que la consommation des hydrocarbures augmentera après le confinement mondial, la pause que la terre a pris ces deux derniers mois risque d’être neutralisée par des taux de pollution plus importants.
Pour résumer, un prix de pétrole s’établissant à des valeurs raisonnables (50 à 60 $) aurait probablement plus d’avantages pour notre économie que d’observer des chutes exceptionnelles annonçant une crise mondiale qui sera néfaste pour la Tunisie vu son ouverture économique sur le reste du monde.